Les Deux Vieilles, répondaient-elles au nom facétieux!
Sondaient-elles les errantes âmes, titubant entre sagesse et sagacité, entre intelligence et indicible,
Découvraient-elles maints secrets enfouis, toujours plus loin dans le cœur d’autrui,
S’accaparaient-elles leurs victimes, introduites par une étrange mélodie,
Dévoraient-elles leurs espoirs et leurs sourires, annoncées par une musique inaudible.
Lyre, harpe, oud et guitares forgeaient un chœur tortueux, qui, à lui seul, angoissait les Dieux !
Sœurs de la Mort, ne pouvaient-elles supporter ni son arrogance ni sa solitude,
Chuchotant dans le cor, chacune leur tour frémissaient-elles d’hébétude,
Car à l’approche de la Démence, leurs muscles se plissaient,
À outrance, leurs cris par écho se répétaient !
Souhaitaient-elles sa disparition, en vain,
Car « La Mort, fille de sa mère l’Irréelle, fille de son père l’Éternel,
Ne peut ou ne pourrait, de par son destin,
Être chassée par-delà l’Immatériel.
Vous aventurer n’osez point,
Dans les boueux songes sans fin,
Là où macèrent les devins,
Aux aguets de ce parchemin »
Ainsi parlait le manuscrit entre leurs mains !
Assises au bord du précipice, eurent-elles l’audace,
Ces Vieilles Pies, d’outrepasser leurs bavasses :
À genoux les virent les Dieux, ébrouant leur carcasse,
Leur masque orienté vers les Cieux, secouant leur carapace,
Ces Viles Filles susurrèrent dans le cor de chasse,
La Fin invoquèrent-elles en une cruelle bourrasque :
« Ô, de grâce, entends-tu cet appel !
Ouïs-tu – imbécile ! - les Deux Vieilles ?
Celles qui fidèles te sont tant,
Celles qui ne dénombre point le Temps,
Octroie-nous ce que caché tu disposes !
Tout juste ! Lorsque t’honorer s’impose !
Telle langoureuse jouvencelle,
Qui tantôt ne fut pucelle,
Par le piètre ménestrel,
Reviens de sa nuit passionnelle,
Formons-nous ton cheptel !
Tel le louche guerrier,
Pris en délit d’escarmouche,
Révèle son indolence à tous,
Repars en compagnie escorté,
Sommes-nous tes sentinelles !
Ô, par pitié, accepte ce rituel !
Ouïs-tu – crétin ! - ces cris perpétuels ?
Goûtes-tu – idiot ! - ces rires sensuels ?
Frottes-tu – scélérat – ces larmes immortelles ?
Dévoile ta grandeur surnaturelle !
Terrasse les écrits providentiels !
Provoque notre sœur en duel ! »